ANDREZEL village Un peu de tout sur Andrezel, village briard dans son cadre de vie rurale

Discours

Discours prononce par le cen

 

DISCOURS  PRONONCÉ PAR LE Cen . THIERY  

S U R   LA  T O M B E   Du feu Cen ANTOINE-ETIENNE NOUETTE, 

 

 

En présence des Habitans de la Commune d'Andrezel. Lors de son inhumation le 16 Ventôse an 7.  ( 6 mars 1799 )

CITOYENS 

Je ne prétends point vous faire ici un éloge pompeux de celui qui est aujourd'hui l'objet de nos regrets. Loin de moi toute  flatterie! La vérité  seule sortira de ma bouche, en vous offrant  quelques détails sur le citoyen ANTOINE- ETIENNE  NOUETTE, domicilié dans cette commune, né à Paris le 31 mars 1745, qui a succombé avant-hier 14 de ce mois, au mal affreux qui l'accablait depuis dix jours. 

Le citoyen NOUETTE, doué de toutes les vertus, morales et civiques, s'est principalement distingué par les qualités du coeur. Il fut fils respectueux et soumis, époux complaisant et fidèle, le père le plus tendre, le meilleur des frères, et l'ami le plus sincère. 

Quoique né vif et bouillant, il écoutait volontiers les conseils de l'amitié ; mais l'énergie de son caractère ne lui permettait  pas de recevoir d'ordre de qui que ce soit, et il ne fut jamais commandé que par son devoir. 

Il annonça de bonne heure quelle était la maturité de son jugement. Il parlait peu, mais il pensait beaucoup et profondément. Si l'on venait à lui manquer, on ne regagnait plus sa confiance, et comme il ne trompait personne, il n'était jamais trompé qu'une fois; il était complaisant sans faiblesse, et sage sans austérité. 
Ennemi de toute cabale, il n'a jamais brigué aucun suffrage, et n'a voulu être estimé que par ses vertus. 

Vous reconnûtes en lui son civisme, CITOYENS, lorsque vous le nommâtes votre commandant ce fut aussi votre voeu qui le porta à l'Administration du district de Melun, dont il devint Président, puis à l'Electorat, ensuite à la place d'Assesseur du Juge de Paix du canton, et à celle d'Administrateur de l'hospice de Chaumes; et sans cette mort inopinée, vous l'eussiez vu emplir, dans la République, des places plus élevées, malgré la méfiance qu'il avait de lui-même. 

Animé du zèle le plus ardent pour le bien public, tout ce qui pouvait ajouter au vôtre, CITOYENS, était l'objet particulier de ses sollicitudes, parce qu'il vous regardait tous comme ses amis/, et vous chérissait comme ses enfants. 

Ennemi déclaré du vice, il le détestait ; mais il recherchait avec soin l'homme honnête et laborieux, et l'employait de préférence aux divers travaux qu'il a fait faire dans cette commune, pour en aider les habitants. 

C'est à ses soins bienfaisants que vous devez la salubrité de votre pays , où jadis les eaux stagnantes portaient dans vos foyers des miasmes putrides dont vous étiez souvent les victimes

C'est donc à l'aide des canaux et fossés qu'il a fait faire pour leur écoulement, en profitant, avec adresse, des pentes que le sol présentait, que vous respirez aujourd'hui un air plus sain. 

Qui de vous aurait à se plaindre de lui? Quel est celui d'entre vous qu'il n'a pas cherché à obliger? Combien de fois le vîtes-vous se promener, et épancher librement son coeur avec vous ? Humain et sensible, il se plaisait à vos entretiens, et n'avait de fierté que celle dont s'enorgueillit l'homme probe et juste. 

Me promenant un jour avec lui dans cette enceinte, il m'entretint d'an projet qu'il avait conçu et qui vous prouvera la bonté de son coeur et toute l'affection qu'il avait pour cette commune. Les pertes qu'il a faites depuis quelques années en ont empêché l'exécution. Frappé du peu de secours qu’obtenaient les indigents dans l'état de maladie, il voulait former dans cette commune un hospice de santé.
Il y aurait fondé six lits pour les hommes et autant pour les femmes. Le traitement des malades ou vieillards infirmes n'eut été confié qu'à des mains habiles et expérimentées, et il eut été lui-même l'inspecteur de cet établissement. 

Enfin il vous portait tellement tous dans son coeur, qu'il a désiré être encore au milieu de vous après sa mort, et c'est pour satisfaire à ce vœux  qu'il avait manifesté à sa respectable épouse, que je viens déposer eu ce lieu, de sa part, la dépouille mortelle de ce qu'elle avait de plus cher au monde.

Venez tous avec moi rendre hommage à ses cendres. Arrosons-les de nos larmes, et déposons quelques guirlandes sur la tombe de l'homme juste. 

Cette digne compagne qui faisait le bonheur de sa vie, voulant avoir sans cesse sous les yeux cet objet de toutes ses  affections, viendra invoquer ses mânes dans ce lieu solitaire, où elle- même veut être, un jour, réunie à son époux. 
Elle y conduira ses enfants, leur montrera l'urne qui renferme les cendres de leur père , les entretiendra de ses vertus, et recevra leurs serments de les imiter. Cette leçon frappante, gravée en traits de feu dans leurs jeunes coeurs y produira tout l'effet qu'elle en attend, et les rappellera à leurs devoirs, si par hasard un jour, ils s'en écartaient. 

Pénétré de la plus vive sensibilité, CITOYENS, aux nouvelles preuves d'attachement que vous donnez , en ce moment, au défunt, par l'accueil fraternel que vous venez de faire à ses tristes restes , veuillez en agréer ma reconnaissance particulière et celle de son épouse désolée.

Permettez que je réclame en sa faveur et celle de ses enfants, les mêmes sentiments que vous témoignez aujourd'hui. Les vertus qu'elle possède la faisaient chérir tendrement de son époux : elle doit donc mériter aussi vos affections. Eh ! comment refuseriez-vous vos affections aux enfants intéressants de votre ami, de votre père à tous? 
 

Non ; les larmes que vous versez m'annoncent ce que je dois espérer pour elle et pour eux. 
Le Citoyen son Beau-Frère,  et moi emportons avec nous la douce satisfaction de pouvoir les assurer qu'ils vous seront également chers. 

FIN. 

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Date de dernière mise à jour : 31/03/2020